Le conseiller municipal de SainteFoyAVENIR, Olivier Coupiac, doit quitter la région lyonnaise pour poursuivre un projet de vie. Ces deux années passées au sein du conseil municipal fidésien lui ont inspiré ce constat et cette réflexion dont il a fait part à l’assemblée des élu.e.s, en fin de séance, jeudi 7 juillet 2022.
» Madame le maire, Mmes et Mrs les conseillers municipaux, j’ai une annonce à vous faire : engagé dans un projet d’habitat participatif depuis 2016, celui-ci se concrétise enfin en centre ville de Valence. Je déménagerai de Sainte Foy à la fin du mois et dois donc démissionner de mes responsabilités de conseiller municipal.
Je souhaitais tirer un bref bilan de ces deux ans passés dans cette fonction. Dire que j’ai eu beaucoup de plaisir à assumer cette responsabilité de conseiller d’opposition serait sans doute excessif, le bilan est plus contrasté :
Ce fut certes une expérience riche et passionnante de découvrir les coulisses du fonctionnement d’une commune. La diversité des sujets abordés peut paraître au début vertigineuse, passer de la fiscalité à la culture, des travaux de voirie au social, de l’énergie aux ressources humaines devrait constituer un formidable exercice d’intelligence collective au sein du conseil, grâce notamment à la diversité des sensibilités et des expertises qui y sont représentées. J’ai accepté ce poste de conseiller en pensant consacrer une partie de mon temps libre au service de ma commune, envisageant des désaccords avec la majorité évidemment, mais aussi des points possibles de convergence pour lesquels nous pourrions travailler de concert. Il y eut heureusement de très bonnes relations à titre individuel avec tel ou telle conseiller, je ne les oublierai pas, il y eut aussi le pedibus de L. Chassagne que j’ai eu beaucoup de plaisir à monter avec M. Rodriguez, mais pour lequel j’ai agi en tant qu’individu.
Malheureusement, le détail qui m’a immédiatement frappé en arrivant est l’extrême politisation du fonctionnement de ce conseil. Est à l’œuvre une logique d’opposition systématique à l’opposition, à toute proposition émanant d’un autre groupe, qu’elle fasse consensus ou non, qu’elle soit d’intérêt général ou non. J’ai fait l’amère expérience d’une mécanique d’écœurement des conseillers d’opposition, je passe sur les moyens qui sont connus de tous. Je me souviens de ma première intervention en 2020 portait sur la nécessaire bienveillance pour faciliter les échanges au sein d’une assemblée délibérative. Au lieu de cela les invectives ont repris de plus belle au fil des conseils, culminant avec l’épisode d’hystérie collective du TPC qui a failli se terminer en bagarre de rue en sortant d’un conseil. Quelle perte d’énergie, quel gaspillage de temps qui finit par occulter notre mission première d’intérêt général et qui interroge sérieusement sur les dérives du pouvoir, même à la toute petite échelle de notre commune.
Et pendant que nous nous chamaillons sur des éléments de langage ou pour obtenir une photocopie en 6 mois, le compte à rebours du réchauffement climatique n’en finit pas de s’égrener. Comme je le rappelais toute à l’heure, la trajectoire de la dernière chance c’est -7% d’émissions par an, l’équivalent d’un Covid, c’est vertigineux, mais dans 5 ans ce sera l’équivalent annuel de l’effondrement de l’union soviétique en 1992, c’est inimaginable. De telles perspectives devraient constituer à mon avis une motivation suffisante pour se mettre au travail.
Mme Weiwei Guo prendra ma place à la rentrée. De part sa spécialité, je formule le souhait que les mots de la linguiste aient plus de succès que les chiffres de l’ingénieur à vous convaincre de mettre la transition de notre commune, je n’ose pas dire en marche car ce serait plutôt au pas de course.
Pour conclure, Madame le maire, Mmes et Mrs les conseillers municipaux je voudrais vous poser la question que je pose à moi même depuis plusieurs années : nous sommes dans un moment clé pour décider de notre futur et de celui de nos enfants auprès desquels nous devrons rendre des comptes, qu’allons nous répondre lorsque dans 20 ans nos enfants nous demanderont : “en 2022, vous saviez, vous étiez en position d’agir, à titre individuel et à titre collectif, qu’avez vous fait ?” ».
Voir article du Progrès du 10 juillet